07 Avril 2024. Quelques remarques sur les addictions.

J’ai lu ce matin cet article sur la dépénalisation du hachich récréatif en Allemagne et qui suggère de faire de même en France.

 https://url-r.fr/kwbjq

L’article ne dit pas comment on définit un usage récréatif.  Ça commence mal.

Peut-être que le texte de loi allemande le définit ? Mais comment ?

En effet il y a d’autres toxiques légaux, eux, Le tabac et l’alcool par exemple. L’excès a en effet un rôle dans le décès précoce de certains dépendants, cancers, insuffisance respiratoire, maladies cardio-vasculaires et autres. Les cimetières en sont peuplés c’est vrai. Comme ils sont d’ailleurs peuplés d’abstinents en moyenne plus âgés. En moyenne seulement car nombre de maladies atteignent des personnes n’ayant pas consommé de produits déclarés illicites ou licites mais considérés comme facteurs de risques, mais maintenant tout est facteur de risque.

On sait cependant que la consommation de drogues pour l’instant illégales, ne rend pas intelligent la grande majorité des consommateurs. Peut-être que cela leur permet temporairement de mieux se supporter, et à mieux supporter une société et un environnement devenu difficilement vivables. Le fameux vivre ensemble semble devenu un fantasme.

Mais il existe d’autres « drogues légales ». Je pense à la malbouffe. Ces produits bourrés d’additifs plus ou moins incontrôlés malgré des lois foisonnantes mais inappliquées. Tout ceci au nom de la concurrence libre, mais complètement faussée par le fait même de traités plus politiques et économiques que de préoccupations sanitaires. Et on nous dit que ce sont des bonnes lois !

Et cette malbouffe des « restaurants » importés des États-Unis, faisant ingurgiter, à bas prix, des « repas » hypercaloriques, gras et hyper sucrés et dont les conséquences sur l’hyper-obésité sont connus. Mais comme ces sociétés légales multinationales sont puissantes, car très riches, on se contente de donner des conseils et directives aux usagers. Mais pas aux producteurs. Le marché, légal, est trop important même si les bénéfices se recyclent dans des sociétés dont le siège (fictif ?) est situé dans des paradis fiscaux, légaux ou illégaux. Ah la liberté du commerce et de la circulation des capitaux ! Tout cela est légal nous dit-on. Pour moi ces sociétés utilisent les mêmes canaux que les organisateurs de trafics illégaux.

Je pense aussi aux produits pharmaceutiques légaux, parfois délivrés et consommés comme des drogues qu’ils sont pour certains. Qui contrôle la production de ces producteurs légaux ? et les condamne lorsqu’ils sont mis en cause dans une mise sur le « marché » autorisée sur des « études » falsifiées parfois.  Et qui n’ont de scientifiques que dans moins du tiers des cas. Les statistiques le disent. Deux tiers des articles repris dans les publications scientifiques ne sont pas statistiquement valables, ou sont entachés de biais.

Le fabricant se retranche derrière le mésusage, la mauvaise indication, et souvent les contrats l’exonère de toutes responsabilité.

Et qui a lu la notice qui encombre chaque boite du produit, en lettres minuscules, et plus épaisse qu’un annuaire ou un mode d’emploi miniaturisé. Encore une façon de répondre à la loi et de se défausser ! Déjà je serais curieux de savoir quel médecin a lu et surtout retenu les 10 pages du Vidal consacrées à chaque médicament princeps et ses génériques, les recommandations, effets secondaires, contrindications etc. , pour la multitude de produits de la production pharmaceutique et de ses formes galéniques.

Je suppose que les produits récréatifs seront délivrés en boites en carton, (par 30 doses ou par dose individuelle ?), mais avec la notice en plusieurs langues, en caractères microscopiques. Quel drogué dépendant va lire avant de consommer ?

Comme vous le voyez ne suis très sceptique sur ces lois en plus qui ne changeront rien à la consommation. L’intérêt est sans doute dans le contrôle des taxes et impositions que l’État pourra mettre sur ce commerce légal. Appliquera-t-on le 1 € légal sur chaque boite ? et après avoir voté le remboursement par la Sécu ? Et comment déterminer ce qui est thérapeutique, récréatif dans tout cela ? Les médecins n’ont pas fini d’être harcelés pour une prescription, et les pharmacies dévalisées de ces produits devenus légaux mais consommés par des personnes qui deviennent dépendantes et deviennent malades.

A moins que l’on ne les fassent délivrer par les buralistes dont les syndicats sont certainement en train de négocier l’affaire. Ils vont être en concurrence semble-t-il avec les dealers actuels recyclés dans le commerce légal par les miracles de la raison d’État, pour la paix des cités. Il faut s’attendre à tout et la police n’a pas fini de se faire narguer.

Et qui lira la notice comme sont lus les avertissements et images effrayantes sur les paquets de tabac ? Le tabac tue dit-on, lentement diront certains, mais de façon pas toujours agréable.

On dira de même de l’alcool et des hépatites et cancers du foie.

La loi débridée et confuse n’a jamais arrêté les délinquants qui trouveront toujours un bon avocat, au moins pour les donneurs d’ordres, pour les défendre.

Les dépendants en tous cas seront laissés à eux-mêmes, les législateurs seront comme d’habitude innocents et coupables de rien. Et toujours satisfaits d’eux-mêmes, ils ont voté une bonne loi, cela marque un mandat. Et nous en manquons sans doute (c’est ironique).

Mais nous manquons aussi sans doute d’une société apaisée, que l’on attend toujours.

Mais rappelons-nous : Ti bouffes ti bouffes pas ti crèves quand même (Moralité de « la cigale et la fourmis » de Pierre Péchin).

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