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Avatars recadrés 3

Dates
 
8 octobre 2018

07-08 Octobre 2018 Un peu d’humanité dans la technique

Une interview et même plusieurs de Michel Onfray, récentes, où il parle de sa vie, de ses accidents de santé et des maladies graves de ses proches, m’ont fait réfléchir sur la médecine et ses relations avec l’Homme. Et aussi sur les médecins. J’ai essayé au long de ma carrière de garder une ligne de conduite « exigeante » vis-à-vis de mon exercice. Je n’y suis probablement pas toujours parvenu. Mais jamais un « patient » n’a été un « client » comme on le voudrait maintenant soi-disant pour améliorer le « service », mais à mon avis cela l’a détérioré.

Ces réflexions sont d’autant plus présentes pour moi, que ma fréquentation des services hospitaliers en tant qu’accompagnant, n’a jamais été aussi fréquente depuis ma retraite. Les longues attentes sont propices à la réflexion et l’œil professionnel détecte très vite les dysfonctionnements actuels.

Je suis depuis longtemps très attiré par la pensée de Michel Onfray qui me semble un de nos « vrais » philosophes et qui cette fois parle de l’intime. Nous sommes loin du philosophe médiatique autosatisfait qu’est BHL qui se mêle d’être un va-t’en guerre.

Onfray et la maladie et les médecins et la médecine. Voici les bases de sa réflexion, des interrogations plus ou moins complètes, plus ou moins longues, mais souvent pertinentes.

Je vous les livre, prenez le temps de regarder et d’écouter. Parfois cela recouvre bien les constatations que je vous ai fait partager parfois.

  Très descriptif et l’intérêt d’être entouré de personnalités.

C’est long mais très complet et très subtile comme d'habitude avec Catherine Ceylac dans "Thé ou Café". Parle de son épouse décédée et de son frère.

La médecine reste un art, dont l’exercice même s’il s’appuie sur des connaissances expérimentales, c’est-à-dire scientifiques, ne peut donner que des réponses individuelles pour chacun des patients. La médecine de santé publique s’appuie sur des données statistiques, avec tout ce qu’il y a d’aléatoire dans la définition des groupes de patients. Elle ne peut donner que des réponses sur une population. La médecine clinique doit donner des réponses et traiter un seul patient pour qui chaque acte doit être adapté et dont le résultat ne se mesure pas en pourcentage de probabilité mais en résultat positif ou négatif pour chaque individu. Personne ne réagit de la même façon et le vrai travail du médecin est d’être perpétuellement à l’écoute de son patient. Et il faut savoir dire je ne sais pas, et aussi parfois dans l’état des connaissances actuelles (et des miennes) je n’ai pas la réponse. Pour le patient c’est parfois très difficile à entendre et pour le médecin difficile à dire. La recherche découvre chaque jour de nouvelles pistes, mais jamais il n’y a de certitude d’avoir tout compris.

A l’occasion des fêtes de la science j’ai visité un laboratoire de recherche que je connais bien, mais il me reste beaucoup à en découvrir et à comprendre. Le matériel de recherche est considérable, extrêmement couteux. La recherche doit faire des choix et parfois ce sont des choix économiques. Le vivant est très complexe, et se modifie au fur et à mesure qu’on avance (les virus par exemple). La génétique malgré les progrès ne donne pas les solutions à tout. L’ADN ne s’exprime pas de la même façon d’un individu à l’autre. La génétique est parfois contrariée par l’épigénétique. Il reste en permanence à chercher et à comprendre.

Mais le médecin, même avec tout son bagage intellectuel, toute sa bonne volonté, même s’il veut bien faire, reste toujours devant chaque patient face à un inconnu. Mais ses décisions malgré les limites des connaissances actuelles, doivent être prises et souvent très rapidement. Donc il doit rester à l’écoute de son patient et instaurer une relation de confiance mutuelle.

La médecine actuelle très technique éloigne le patient des prestataires de service que sont devenus les médecins, par force, par organisation « industrielle » de la consultation. On demande des économies de santé. Longtemps au cours de ma carrière j’ai entendu des industriels me dire qu’il faut gérer les soins comme on gère une usine. Les démarches qualité sont l’alpha et l’oméga. Le papier, le protocole, l’informatique ont fait disparaitre l’homme. On n’a fait aucune économie mais on a déshumanisé un exercice qui devrait rester humaniste. (Pourtant ma formation a été essentiellement scientifique). Les hommes ne sont pas des boites de petits pois qui sont sortis de la chaine si un exemplaire n’est pas conforme.

Parfois les médecins se sont laissés entrainés dans ce système, parfois à leur corps défendant, parfois par esprit de facilité, parfois de lucre, le rendement vous dis-je.

Je suis très sensible à ce que dit Onfray, et très proche de lui.

La crainte de se tromper doit habiter tout médecin. Il doit savoir qu’il peut se tromper. Je me suis parfois trompé de temps en temps, très souvent sans conséquences mais cela me reste en mémoire. Le travail à la chaine parcellisé, spécialisé, a fait perdre la relation entre le résultat d’un examen technique, fait de façon anonyme, et les suites qui en ont été données. On ne peut tout savoir, ni manipuler tous les appareils très techniques mis à la disposition de la médecine « moderne » mais il faut à un moment que d’homme à homme on fasse la synthèse et on en prenne la responsabilité. Et souvent une impression subjective que l’on peut appeler un sens clinique, est plus importante que le suivi d’un protocole.

A un moment Michel Onfray parle de l’IRM obtenue par un médecin rapidement alors que les autres avaient négligé de pousser les examens en l’absence sans doute de données objectives. Onfray reconnait que lorsqu’on est riche et bien appuyé on obtient des examens qui en routine sont reportés à plusieurs jours voire à plusieurs semaines. C’est le résultat d’une formation trop technique, trop spécialisée, et trop protocolisée, dominée maintenant par le rendement et le budget. Nous sommes sous la coupe d’une technocratie et bien loin d’un humanisme. Les dérives en sont acceptées par certains médecins par lassitude. Les médecins sont aussi des êtres humains.

Peut-être oublie-t-il aussi (Onfray et certains médecins aussi), que les médecins sont des hommes et qu’ils vivent aussi les mêmes expériences que lui, que leur vie ne se limite pas à leur présence au chevet des patients. Aucun homme n’est épargné par les soucis familiaux ou de santé.

Certains ne sont peut-être pas à leur place auprès des patients non pas techniquement mais humainement.

Préservons l’humain contre les technocrates.

Pour vous faire réfléchir ce titre dans « Univadis ». Essayez de me faire une traduction !

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