04 Octobre 2019 Ainsi va le monde

Il fut un temps où je n’étais pas fier de ce que ma génération laissait à nos successeurs.

Du point de vue social, économique, écologique, politique, il me semblait que nos ambitions pour notre pays et même la paix sur terre n’avait pas été à la hauteur de nos rêves d’adolescents et de jeunes adultes.

Mais finalement je ne me sens responsable que de ce que j’ai tenté de faire personnellement. En particulier ma profession que je n’ai exercé qu’en espérant être utile à mes semblables. Pas pour le fric.

Et seulement de ce qui m’a été possible d’exprimer de mes espoirs.

Ma génération a aussi financé les études de nos suivants et la retraite de ceux qui nous ont précédés et qui n’avaient pas tous loin de là les caisses créées après ma naissance. Nous l’avons fait de bon cœur je dirai presque dans l’allégresse d’être utiles à nos parents qui nous ont élevés, instruits, et qui déjà avaient financé la retraite avec l’espoir d’en recevoir la juste récompense.

Puis nous avons travaillé souvent dans des conditions bien plus difficiles qu’actuellement du point de vue horaires, temps de travail, vacances.

Nous avons aidé notre pays et la science à faire des progrès dans l’espoir d’améliorer l’avenir.

Nous avons offert à nos enfants l’éducation à laquelle ils pouvaient prétendre.

Bien sûr nos résultats ne sont pas merveilleux et pas tous positifs, mais nous avons essayé.

Maintenant ce sont nos enfants qui sont en responsabilité. Leur avenir dépend pour partie d’eux et de leur ambition, non pas pour eux seuls, mais aussi pour la collectivité. Je regrette cependant que le fric soit devenu l’étalon de la vie sociale.

Ils peuvent voter et essayer, comme nous l’avons fait, l’avenir de notre monde. Je leur souhaite de meilleurs résultats que ceux que nous avons obtenus.

Maintenant eux aussi ont des enfants qui demandent à faire valoir leurs rêves. Ils les expriment déjà. Gréta Thunberg en cela est légitime.

Mais je sais que tous vont avoir à lutter pour essayer de faire avancer un monde plus beau, et ils risquent d’être à leur tour déçus par les politiques qui veulent accaparer pouvoir et argent, en s’appuyant éventuellement sur le mensonge.

Ma génération malgré les imperfections n’a pas à rougir.

Il faut juste rappeler à ceux qui nous suivent que leur avenir et celui de ceux qui leurs succéderont dépend en grande partie d’eux. Tout ce que nous pouvons faire, nous les anciens, et de leur faire part de notre expérience, et ce n’est pas forcément regarder l’avenir dans un rétroviseur.

Et finalement maintenant je pense que ma génération a tenté ce qu’elle pouvait.