01 Juillet 2020 Simplifions

J’avoue, je n’ai pas eu le courage, en première intention, d’écouter longtemps madame Buzyn à l’Assemblée Nationale.

Trop de confusion, trop de formalisme, trop d’hésitations, trop de lecture de rapports d’organisation administrative. Aucune réflexion médicale de ce médecin dont les fonctions administratives ont occupé la majorité de la carrière.

Mais après avoir pris un café,  en compagnie d’un ami allemand en retraite dans notre sud, Lui avait écouté et m’a poussé à écouter toute l’audition en rediffusion.

Nous étions à la terrasse d’un établissement en front de mer (sans masques).

On voit qu’elle a surtout l’expérience de la manipulation de la paperasse et peu de réflexes médicaux. Soigner demande de prendre des décisions rapides le temps d’une consultation, d’en assumer la responsabilité et les risques. C’est très loin de sa pratique.

Elle dit bien que durant la crise (entre les deux tours des municipales) elle a repris du service mais ne nous dit pas à quel poste. Ce qui est important. Administratif ? Soignant ?

Je me rappelle de Philippe Douste Blazy (ancien ministre de la santé que j’ai souvent critiqué pour le « dossier médical informatisé » qui lui aussi avait dit reprendre du service dans la réserve sanitaire. Sa position affichée en faveur du Pr Raoult m’a plu. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de rire lorsqu’il faisait part de son activité dans un centre 15. Il expliquait, sérieusement que lorsqu’il recevait un appel et que l’appelant pouvait compter sans s’essouffler jusqu’à 10, alors ce n’était pas trop grave et que l’interlocuteur pouvait rester chez lui. Cela m’avait semblé très simpliste comme évaluation clinique pour une affection potentiellement grave voire mortelle. Ceci m’avait conforté dans mon idée de ne pas participer à ce simulacre de médecine.

Rien que son introduction sent la politicienne plus que la soignante. Et à tout moment elle parle de l’organisation centrale de la santé et de la gestion des risques. Un vrai bazar. (J’ai en effet voulu poursuivre cette audition malgré son côté soporifique). On arrive quand même difficilement à savoir qui s’occupe de quoi et qui synchronise les décisions entre toutes ces Agences.

J’ai été étonné qu’elle se targue d’avoir eu à gérer la crise de Fukushima ! A distance sans doute. Et peut-être pas entièrement concernée. Le monde entier attendait sans doute sa réponse.

Je garde de cette audition que ce qui occupe vraiment un ou une ministre de la santé, c’est la multiplicité des problèmes. Mais aussi la fonction très technocratique de cette gestion où personne ne dirige vraiment l’ensemble des multiples problèmes. La ministre reçoit parfois des réponses à des enquêtes urgentes que plusieurs mois après, une fois toutes les étapes administratives très hiérarchisées ont permis la remontée des informations. Et je ne parle même pas de la complexité de faire travailler ensemble les représentants européens.

Je pense que les mêmes délais et approximations sont le lot de tous les ministères.

Quand on regarde l’organisation du système de santé en France, à un haut niveau, j’ai retrouvé l’orgramme de l’ARS dans l’EST que je découvre dans le Blog du Dr Maudrux.

Santé : pour 6 milliards t'as une charrue, pas un carrosse.

Notre Ministre vient de mettre sur la table 6 milliards pour le personnel non médical dans les hôpitaux. N'est-on pas une fois de plus en train de mettre la charrue avant les bœufs ? Pour les soignants, à 300 millions, cela fait un vélo chacun.

https://blog.gerardmaudrux.lequotidiendumedecin.fr

Qui comporte un lien sur l’ARS du grand Est. Il y a 17 ARS en France. (Il y en avait 26 jusqu’en 2015). Je serais surpris que cela ait aboutit à une diminution du personnel et des différentes directions antérieurs.

Une vraie usine à Gaz !

à rapprocher de l’organisation de l’APHP

Directions et services généraux de l'AP-HP

Directeur général :Martin Hirsch(depuis le 13 novembre 2013) Directeurs généraux adjoints :François CrémieuxPierre-Emmanuel LecerfCatherine Paugam-Burtz Cabinet du Directeur général :Directrice de cabinet : Anne Rubinstein

https://www.aphp.fr

Soignants

L'AP-HP en bref

Quelques chiffres :39 hôpitaux1 service public de santé, 24h/24, 7j/78,3 millions de prises en charge100 000 professionnels au service de nos patients - dont près de 12300 médecins, 3600 internes, plus de 52000 personnels soignants, paramédicaux et socio-éducatifsprès de 3000 bénévoles auprès des patients et familles et plus de 800 volontaires en service civiqueprès de 4500 projets de recherche en cours tous promoteurs confondus, 825 portefeuilles internationaux de brevets actifsun médecin sur cinq formé chez nous en lien a

https://www.aphp.fr

Pas de chiffrage du personnel administratif non soignant, mais il ne doit pas être loin de 30 à 40 % sans compter le personnel soignant occupé à des tâches administratives pour « renseigner » les nombreux documents demandés par les différents organismes de contrôle.

Trop de stratifications tuent l’efficacité. Et chaque strate demande ses propres renseignements différents de ceux demandés par les autres, cependant tous redondants. Les décisions ne sont par contre assumées par personnes. La responsabilité si diluée que personne ne veut l’assumer.

Comme dit Mme Buzyn certains postes ne sont pas faciles. Mais ne forme-t-on pas des génies pour les occuper, à l’ENA par exemple ? La principale préoccupation de ces génies est de s’entourer d’une foule d’adjoints qui sont autant de fusibles.

Comment font donc les autres pays, comme l’Allemagne et beaucoup d’autres, qui fonctionnent mieux avec un coût administratif moindre ? Sans doute n’ont-ils d’aussi belles élites irresponsables.