18 Avril 2019 Puisqu’on vous dit que tout est réglé Macron est le chef des travaux

On ne parlait sur toutes les ondes que des paroles de l’oracle qui allait délivrer son grand plan pour clore le Grand Débat (transformé en One man show médiatique) avec ses réponses miraculeuses. On supputait, on encensait déjà la merveille à longueur d’émissions et de tables rondes.

Puis tout est partit en fumée. Tout d’un coup les médias ont tourné leurs images vers la cathédrale en feu. Bien entendu, à part montrer quelques flammes, la fumée, quelques écroulements, les « commentateurs » n’en savaient pas plus que les autres. Mais ils parlaient, supputaient, interrogeaient les spectateurs aussi peu informés qu’eux-mêmes. La foule était en prière. Paris, que dis-je la France, le Monde était en émoi. Certains priaient, d’autres tweetaient, il fallait en être.
Oublié tout le reste, le plan pour sauver la France, répondre aux gilets jaunes, rétablir la démocratie attaquée par les vilains. Notre grand conducator ne parlerait pas. Les problèmes du monde pouvaient attendre ! La misère, les guerres, les morts sous les bombardements (parfois les nôtres), les famines, les épidémies, les réfugiés, le climat attendront. Il importait que notre génie, en costume fasse son show. Nous n’atteindrons pas Mars comme certains en quelques années, mais nous rebâtirons ND de Paris en cinq ans !
Va-t-on privatiser la cathédrale car l’Etat n’a pas vocation à gérer les travaux publics, puisqu’il ne sait pas gérer autoroutes et aéroports ? Quel manque à gagner pour Paris, la visite des ruines n’aura qu’un temps. Et le chiffre d’affaire des commerçants locaux, moins 80 % comme on l’entend tous les jours pour le moindre incendie de la bâche du Fouquet’s. Tout ces questions sont évacuées. L’heure est au recueillement et à l’incantation !

Les riches se mobilisent ! Ils font même de la surenchère l’un sur l’autre, à coup de centaines de millions pour la reconstruction de ND de Paris. J’ai entendu des mauvaises langues qui disaient qu’ont-ils fait pour les Misérables ?
Il est amusant que déjà les lobbies des travaux publics présentent leurs solutions. Qui le bois, qui la charpente métallique, qui le béton ou la pierre. Il ne faut pas perdre de vue ce marché dont la demande flambe.
Mais il faut voler au secours de notre « bâtisseur en herbe » qui veut tout refaire à l’identique en cinq ans. Sans avoir la moindre notion de ce qui s’est passé, de l’état actuel, et aucune notion de l’ingénierie du bâtiment !
J’ai d’ailleurs été étonné de ne pas le voir le lendemain matin tôt, en salopette, commencer les travaux de déblaiement.
J’ai vu ce matin des images du conseil des ministres où notre président présidait et d’un geste Auguste, les bras ouverts délivrait son message de grand bâtisseur. Images volées sans doute, non préparées. Le règlement de la crise des GJ, prioritaire il y a deux jours était loin, et nous n’avions pas été conviés au conseil des ministres qui allait changer la France avec quelques mesurettes symboliques. Tout est symbole dans notre monde de com. Même la dissolution de l’ENA reste symbolique. Ce sont les missions qu’il faut redéfinir et prioriser le service de l’Etat. Pour l’instant on priorise la carrière publique et privée des énarques.

Au journal de midi grand reportage de la réception des pompiers à l’Elysée. Toujours cette politique du spectacle. J’admire les pompiers et leur action au service quotidien des gens. Une de mes nièces est d’ailleurs depuis un an pompière professionnelle de Paris (une vocation dès l'enfance). Ce qui m’irrite n’est pas qu’on leur rende hommage, mais bien que l’on organise des manifestations de récupération par un président en difficulté. Et « en même temps », en douce, on bidouille leur budget par mesure d’économie. C’est un peu la même chose pour la police « honorée » dans des opérations de récupération, mais qu’on oublie de rémunérer à leur juste valeur et dont les primes restent virtuelles car repoussées. (Ah le budget d’abord, et là les milliards des donateurs manquent, on n’en parlera pas). On se protège derrière les troupes qu’on pousse en première ligne pour prendre les coups et parfois en donner sur ordre de ceux qui se cachent en arrière, mais nous ne sommes plus au temps où les généraux prenaient la tête des troupes.
Et je ne parle pas des urgences en grève et en souffrance depuis des lustres. La grève est symbolique, avec un brassard mais en restant à son poste, et on ne s’en occupe pas car on a fait de bonnes lois santé depuis des décennies. Il suffit d’en annoncer une nouvelle. Heureusement pour ND de Paris il n’y a eu ni blessés ni brulés.

Je sais, je vais paraitre ironique, sans cœur, moqueur, sans pitié pour les racines chrétiennes de la France, qu’il était de bon ton jusque-là de vilipender. Mais j’assume et n’aime pas être manipulé.