23 Avril 2020 Le monde va-t-il changer

Théâtre d’ombres qui s’agitent en réunions virtuelles, palabres, interrogations pour la forme, débats biaisés, assemblée virtuelle, sénat idem, gouvernement aux abois qui feint d’organiser ce qui lui échappe.

Ils ne dirigent plus rien. Se pensent encore comme pilotant le monde, mais ne maitrisent même pas leurs paroles. Même pas leur propre raison. Les grands shows télévisuels pour faire le point de la crise n’intéressent plus personne. La barque va à vau- l’eau entrainée par le courant.

Un des membres du conseil d’administration de l’établissement dans lequel je travaillais, un ex-banquier dont le seul horizon était le budget, utilisait une expression qui m’a toujours plu : « la politique du chien crevé emporté au fil de l’eau ».

Impression d’errance de nos soi-disant puissants.

Décisions stupides, à courte vue, défendues becs et ongles par l’entourage stipendié pour cela.

Décideurs qui courent après des conseils qu’ils sont incapables de mettre en œuvre.

Macron parle, décrit une stratégie verbale, aucun élément pratique, délégués sans pouvoir aux autres de façon indéfinie.

Beau maréchal qui « imagine la stratégie » mais qui n’a jamais envisagé de la mettre en cohérence avec les moyens et la logistique. Cela ne dépasse pas les élucubrations d’un quidam moyen. Où est le chef de guerre ? Il plastronne sur le champ de manœuvre !

Chacun fait comme il peut, ou comme il veut.

A lire dans Marianne un article d’Etienne Girard et Laurent Valdiguié sur le directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé) du Grand Est qui « gérait » la crise en télétravaillant depuis Paris. (Marianne du 17 au 23 avril 2020).

Le même affirmait peu après que la fermeture de lits prévue se poursuivrait après la crise ! Mais ce qui lui fut fatal est qu’il n’était pas présent sur le tarmac pour accueillir l’avion de Macron.  On voit de quoi dépend la carrière d’un Haut Fonctionnaire ! Je suis certain qu’il considère qu’il est une des victimes de la crise. Les cons sont partout, c’est même pour ça qu’on les choisit.

Dans les banlieues, les régions, les entreprises, les quartiers, celui qui a les masques est le chef.

On s’abrite derrière des études biaisées, des statistiques de circonstance, tout ce qui peut donner une impression de cohérence à la désorganisation.

Symptomatique la gestion de la reprise scolaire. Le ministre décide, les autres se débrouillent !

Les maires qui connaissent eux leurs écoles, se rebellent.

Chacun met sa barrière de sécurité personnelle.

Et pour s’occuper chacun manie un centimètre de couturière pour mesurer le fameux mètre barrière que le virus ne saurait franchir.0. 99 m non : danger, 1.01 mètre oui : sécurité. L’a-t-on expliqué au virus ? Pour mémoire certains disent que la distance à laquelle peut être propagé le virus est de 6 m !

Tout est limpide !

J’admire ceux qui prennent la température à 1 m (enfants et adultes) et se sécurisent ainsi.  38° danger surtout que la personne contaminée reste asymptomatique plusieurs jours, donc sans température.

Mais il faut bien laisser aux quidam l’impression de faire quelque chose. Et les persuader qu’on les protège.

Comme toujours en France, il ne faut pas réfléchir, mais se mettre à l’abri des poursuites en respectant les normes. Responsable mais non coupable si le nombre légal de centimètres y est !

D’où la puissance des petits chefs qui ne pensent pas mais qui mesurent au centimètre près.

Mais les parents sont aussi inquiets. Comment vont faire ceux qui ont plusieurs enfants, à des niveaux scolaires différents, et parfois aussi des établissements scolaires différents pour chaque enfant. Pas de réponses. Il n’y a déjà pas de masques, mais tout ça ce sont des détails à régler par la piétaille.

J’ai entendu par le président de la région Normandie (je crois) que ceux qui lancent les idées se basent sur la situation de leurs enfants et petit- enfants scolarisés à Janson de Sailly, institution réputée, parisienne regroupant les élèves de parents favorisés et qui échappent à la sectorisation.

J’ai savouré cette remarque..

L’inspection du travail sévit encore. Outrepasse ses compétences. Donne ses avis technocratiques sur le rempart à l’épidémie. Elle ressort ses textes d’avant incapable d’innover, de comprendre. Elle sanctionne les initiatives intelligentes qui ne sont pas dans les textes. Certains restent figés, préfets, Directeurs d’ARS, directeurs d’hôpitaux, inspecteurs d’académie et j’en passe. Tout possesseur d’un semblant d’autorité fondée sur des textes.

Certains font de la résistance pour protéger leur petit pouvoir d’avant.

Philippe Biger en parle dans un post récent.

La bureaucratie : un pouvoir sans éclat

"Les lenteurs bureaucratiques freinent la lutte contre le virus" ( Le Figaro). Ce constat est partagé par tous, même par ceux qui ne désapprouvent pas la gestion du coronavirus par le président et le gouvernement. Il demeure que la plaie bureaucratique est trop profonde et chronique dans notre pays pour qu'on ne s'attache pas seulement à son expression délétère de ces derniers mois.

https://www.philippebilger.com

Lire aussi

Villeneuve-la-Garenne, Aulnay-sous-Bois, Saint-Denis, Gennevilliers et autres quartiers : la France éternelle ?

Ce n'est pas la France éternelle qui se trouve offensée dans ces émeutes, ce feu et ces violences. C'est la France d'aujourd'hui avec un pouvoir politique frileux, sans courage, une police sans instructions claires, une délinquance flattée parce qu'elle serait malheureuse alors qu'elle est seulement persuadée qu'elle a le champ libre - et c'est vrai -, des médias complaisants, des citoyens indignés mais qui n'en peuvent mais, une démocratie invoquée verbalement à propos de son impuissance concrète.

https://www.philippebilger.com

Un autre texte amusant sous sa plume aussi : Macron se balade ; personnellement je dirais : nous balade sur son chemin d’errance intellectuelle.

Tous ceux qui prétendent diriger sont dépassés par la crise qu’ils ont contribué à aggraver.

Je suis frappé par la façon dont Contrepoint s’arque boute sur ses vieilles lunes de marché régulateur et tout puissant (la fameuse main invisible du marché qui nous guide en fonction du profit de certain). Pourquoi, si ce n’est pour défendre les positions et intérêts de leurs mandants qui voient bien le pouvoir leur échapper.

Je ne sais pas si mon impression est partagée, ou si elle est isolée. J’espère que la notion d’autonomie dans le respect des grandes lignes du vivre ensemble va faire du chemin, et que ceux qui pensent qu’ils sont les maitres de tout vont devoir se limiter à leur rôle de régulateurs responsables et non de décideurs irresponsables.