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11 janvier 2019

11 Janvier 2019 Du doute moteur du progrès

Michel Onfray vient de publier un nouvel ouvrage « Sagesse ».

« Le Point » lui consacre une dizaine de pages passionnantes. Pourquoi ne pas en faire profit pour « nourrir » une réflexion ?

Je me réfère assez souvent dans ce blog aux pensées et libelles vidéos de ce philosophe que j’apprécie beaucoup. Je m’inquiétais encore récemment de sa rareté dans les médias et espérais que ce n’était pas une nouvelle difficulté de santé. Les vengeances des princes on s’en remet plus facilement.

Onfray et le Point m’ont amené, une nouvelle fois, à me poser la question du savoir, de la connaissance, de l’utilisation et de la transmission des connaissances.

Durant mes études et ma vie professionnelle j’ai gardé cette inquiétude de ne pas pouvoir tout retenir, tout savoir. L’inquiétude de penser que quelque chose pouvait m’échapper que mes connaissances avaient leur limite et que cela engageait ma responsabilité envers ceux que je prétendais aider.

L’immensité des savoirs pourtant sur un sujet restreint, la santé, me préoccupait souvent. Pourtant la pression du quotidien, la multitude des décisions à prendre dans l’instant en espérant qu’elles soient conformes à la « bonne pratique » crée une habitude de l’action, mais non sans remettre en cause parfois cette notion de savoir.

Avec les années et l’expérience on voit progressivement se relativiser les connaissances qui nous sont transmises. Une attitude peut être vraie dans un contexte, sujette à caution dans d’autres. La recherche ouvre de nouveaux champs dans « la connaissance » et change la façon de voir. Et des possibilités thérapeutiques jusque-là inconnues s’ouvrent. Cela met en perspective « la connaissance ».

La difficulté devient celle d’évaluer les nouvelles études et les nouveaux résultats publiés.

D’autant que les études à notre époque sont à base d’analyses statistiques dont les biais ne sont pas toujours faciles à appréhender. Et il faut bien reconnaître que beaucoup d’études ne sont que des recherches « alimentaires ». La course aux budgets de recherche n’est pas le meilleur moyen de donner de la sérénité à celui qui « porte un projet ». On estime (toujours l’évaluation « à vue de nez ») que seules 10% des études publiées ont une valeur scientifique susceptible de changer le cours des pensées dominantes, et pas forcément toujours valides.

Cette remise en cause permanente et le plus réfléchie possible doit toujours guider celui qui prétend savoir. Et surtout qui prétend agir et enseigner aux autres. Il faut garder en tête la relativité de son savoir, qui n’est valable que dans un contexte historique, technique et scientifique donné.

Douter mais cependant agir.

Difficile de garder la mesure. J’ai en mémoire un de mes confrère qui soudainement a développé un TOC (Trouble obsessionnel compulsif) et qui revérifiait toute ses décisions, tous ses dossiers de façon permanente, importunant ses confrères et ses patients. Heureusement les choses se sont progressivement améliorées grâce à l’appui quotidien de ses amis et confrères proches.

Tout aussi dangereuses sont les certitudes d’avoir toujours raison. De jamais se remettre en cause soi-même, et les connaissances acquises par d’autres et parfois mal digérées.

Personnellement je me suis toujours méfié des « protocoles » surtout quand on prétend se retrancher derrière en toute chose (et surtout depuis la judiciarisation de la profession).

Le libre arbitre assumé et en prenant ses responsabilités me semble la seule attitude valable. L’Intelligence artificielle ne doit rester qu’un outil, utile mais parmi d’autres, et toujours avec en tête les limites des algorithmes et de leur obsolescence possible et inévitable.

La connaissance n’est qu’un long chemin. Les certitudes d’aujourd’hui, peuvent devenir des erreurs historiques.

D’ailleurs écrire ce que l’on pense c’est fixer sur du papier un instant qui déjà a évolué et devient obsolescent, car le questionnement est et reste le moteur de tout progrès.

Je doute déjà de ce que j’ai écrit.

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